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Barreaux aux fenêtres et pièces doubles fermées : véritables prisons en cas d’incendie?

5 mai, 2015 | André Dumont

PHOTO : InspecteurD
PHOTO : Inspecteur D

Barreaux aux fenêtres pour prévenir les intrusions, pièce double transformée en deux chambres fermées, sous-sol avec une ou deux chambres à coucher : tous des aménagements pratiques, qui peuvent même servir d’arguments de vente. Mais si le feu prend, en sortirez-vous vivant?

Voici trois types d’aménagements qui ne sont parfois pas réglementaires et qui peuvent mettre en danger la vie des occupants.

Barreaux aux fenêtres

Depuis 1994, il est interdit d’installer des barreaux métalliques fixes à l’intérieur ou l’extérieur des portes et fenêtres. Ceux installés avant cette nouvelle disposition du Code du bâtiment peuvent rester en place, mais tout inspecteur recommandera de les retirer s’il s’agit d’une issue pouvant servir de voie d’évacuation en cas d’incendie.

 

 « Si les pompiers doivent passer par la fenêtre, les barreaux ne resteront pas en place longtemps. » – Louise Desrosiers, chef de section en prévention au Service des incendies de la Ville de Montréal.

Pour l’occupant qui tente de sortir, par contre, il pourrait déjà être trop tard.

Certains quartiers sont moins sécuritaires et les résidents craignent les invasions à domiciles, reconnaît Louise Desrosiers. On suggère alors d’installer des barreaux qui pivotent sur un axe et s’ouvrent facilement de l’intérieur.

Pièces doubles fermées

De nombreux mythes circulent au sujet des moyens pour séparer les fameuses pièces doubles des logements montréalais. Jean Poisson, chef de division permis et inspections à l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, nous donne l’heure juste.

PHOTO : Inspecteur D
PHOTO : Inspecteur D

L’ouverture entre les deux portions d’une pièce double doit représenter 40 % de la surface du mur qui sépare la pièce en deux. Cette ouverture doit permettre l’évacuation. Une grande vitre fixe séparant deux chambres d’enfant n’est pas réglementaire, pas plus qu’une ouverture large au sommet du mur qui laisse passer l’air et la lumière.

Dans une pièce habitable, il faut deux issues, l’une d’entre elles menant à l’extérieur. « Fermer les salons doubles de façon réglementaire, c’est assez difficile à réussir », affirme Jean Poisson. Des portes françaises en état de s’ouvrir peuvent convenir, à la condition que leur surface vitrée représente 40 % de la surface du mur.

Chambres au sous-sol

Les chambres à coucher au sous-sol sont soumises aux mêmes règles que celles des étages. La fenêtre donnant sur l’extérieur doit avoir une surface égale ou supérieure à 5 % de la superficie de la chambre. Elle doit s’ouvrir facilement et être suffisamment grande pour permettre qu’un adulte y passe. Le plus récent Code du bâtiment dicte une largeur et hauteur supérieure à 380 mm (15 po) et une surface vitrée d’au moins 0,35 m2.

Si la chambre est occupée par un enfant, il est fortement recommandé d’installer un bureau ou une commode sous la fenêtre et de bien fixer le meuble contre le mur. L’enfant pourra y grimper pour sortir par la fenêtre en cas d’urgence.

Chaque municipalité ou arrondissement peut adopter des dispositions encore plus sévères que celles du Code du bâtiment. Dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, par exemple, pour aménager une aire habitable au sous-sol, plus de la moitié de la hauteur entre le plancher et le plafond doit être au-dessus du niveau du sol.

Dans le cadre d’une transaction immobilière, un bon inspecteur préachat se fera un devoir de repérer tous les aménagements qui peuvent mettre en péril la santé et la sécurité des occupants. Par contre, dans son rapport, il ne fondera pas ses observations sur les codes et règlements. Dans le doute, communiquer avec un inspecteur municipal.