La ventilation d’un vide sanitaire

7 mars, 2019 | André Dumont, alias Inspecteur D

Qu’un vide sanitaire soit toujours sec, humide à certains moments de l’année ou humide presque tout le temps, cet espace doit impérativement être doté d’une forme de ventilation. Voici les options.

À moins que vous ayez une fascination tordue pour les moisissures, champignons et autres formes de vie envahissantes, vous devez gérer l’humidité dans votre vide sanitaire.

Votre cave de service est peut-être tout à fait sèche, libre de croissance fongique. Mais cela peut rapidement changer si un jour la plomberie se met à fuir et que vous ne vous en rendez compte que plusieurs mois, voire plusieurs années plus tard.

En inspection préachat, j’en vois de toutes sortes. Des vides sanitaires jamais modifiés et en parfait état, avec un soupirail à l’avant et un autre à l’arrière, qui servent à aérer tout l’été. D’autres, sans ventilation, avec les extrémités de la poutre centrale complètement pourries. Par chance, je ne suis jamais encore tombé sur un cas de mérule pleureuse, ce champignon destructeur.

Les vides sanitaires les plus problématiques sont ceux qui ont été oubliés pendant plusieurs années, avec aucune forme d’aération. Personne n’y descend et tout le monde préfère ne pas savoir ce qui s’y passe. Les dommages constatés auraient pu facilement être évités par deux visites annuelles et une ventilation passive ou active.

Il existe différents moyens de réduire l’humidité dans une cave de service, comme recouvrir le sol d’un polythène, imperméabiliser les fondations de l’extérieur ou corriger les pentes de terrain. Peu importe les moyens mis en place, la ventilation devrait toujours en faire partie.

Ventilation passive

Le plus simple consiste à faire comme il y a cent ans : ouvrir les soupiraux pendant l’été. Il s’agit d’avoir au moins une bouche de ventilation à l’avant et une autre sur le mur arrière, qu’on bourre de laine isolante de novembre à avril. Le reste de l’année, il se crée une légère circulation d’air, suffisante pour évacuer la plupart des surplus d’humidité.

Assurez-vous que les soupiraux ou les bouches de ventilation soient bien dotés de grillages, pour prévenir la visite d’animaux indésirables.

Certains prétendent que ventiler ainsi un vide sanitaire permet à l’air chaud et humide de l’été de pénétrer au sous-sol, alors qu’on veut plutôt que l’air y soit sec. Sachez qu’au Québec, l’humidité dans l’air extérieur n’a jamais fait pourrir du bois de charpente. Les champignons ont besoin d’une source d’humidité inhabituelle, comme celle d’une fuite de plomberie, d’une infiltration d’eau des précipitations ou d’un sol trop humide.

Dans un sous-sol qui a tendance à être humide, une ventilation passive pourrait s’avérer insuffisante. Dans les grands vides sanitaires, ou ceux où il y a trop d’obstacles entre deux bouches d’aération, il vaut mieux ajouter une ventilation mécanique.

Ventilation mécanique

L’ajout d’un ventilateur pour faire circuler l’air à l’intérieur du vide sanitaire est une très bonne idée. On le laisse en marche toute l’année. L’été, il contribuera au renouvellement de l’air du vide sanitaire. L’hiver, il répartira la chaleur, améliorant ainsi le confort des pieds et prévenant la condensation sur des surfaces qui peuvent être froides.

Déshumidificateur

L’usage d’un déshumidificateur permet de contrôler l’humidité avec plus de précision. Évidemment, vous ne descendrez pas au sous-sol tous les jours pour vider son bac. Demandez à un plombier de relier le déshumidificateur à une conduite d’évacuation d’eaux usées. L’ajout d’une petite pompe pourrait être nécessaire.

Réglez le déshumidificateur à 55 % et mettez-le hors tension pendant les mois d’hiver.

L’appareil doit s’arrêter quand le taux d’humidité voulu est atteint. Sinon, l’air trop trop sec pourrait faire déformer les planchers de bois.

Dans certains secteurs argileux, comme ceux du Plateau Mont-Royal, l’utilisation d’un déshumidificateur doit se faire avec beaucoup de modération. Déshumidifier en continu pendant plusieurs semaines peut assécher le sol au point de provoquer la dessiccation de l’argile. Il se crée alors des crevasses dans le sol. Ce dernier peut s’affaisser et provoquer d’importants dommages aux fondations et aux murs de briques.

Déshumidificateur et évacuateur d’air

Si vous n’avez pas envie de gérer des bouches d’aération ou de surveiller un déshumidificateur, il existe une technologie simple et relativement abordable : le déshumidificateur et évacuateur d’air.

Les appareils du fabricant Humidex en sont un très bon exemple.

Il s’agit d’une petite tour, qui déshumidifie et rejette l’humidité dehors. Vous n’avez besoin que d’une seule sortie de ventilation pour l’ensemble du sous-sol, évitant ainsi d’aspirer de l’air humide de l’extérieur pendant l’été.

Chauffer le sous-sol

Chauffer un vide sanitaire l’hiver sert à augmenter le confort des pieds au contact du plancher du rez-de-chaussée et à éviter la condensation – et la formation de moisissures – au vide sanitaire.

En chauffant, les plinthes permettent à l’air de contenir plus d’humidité. Puisqu’aucun vide sanitaire n’est parfaitement étanche, cet air chauffé et humide sera graduellement remplacé par de l’air sec de l’extérieur ou du rez-de-chaussée.

Autres considérations

L’ajout une toile de polyéthylène pour recouvrir le sol freinera l’apport régulier d’humidité en provenance de la terre. Avant l’installation, retirez un maximum de débris au sol et égalisez la surface. Pour éviter la présence de poches d’air où peuvent se produire de la condensation et de la moisissure, recouvrez la toile de sable ou de poussière de roche.

L’isolation des murs de fondation dans un vide sanitaire est très risquée. De la condensation et de la moisissure peuvent se produire derrière des panneaux de polystyrène ou de la laine en matelas. Le polyuréthane giclé contribuera à emprisonner l’humidité dans le vide sanitaire et dans les murs de fondations. Combinée au gel, cette rétention d’eau peut provoquer l’éclatement des pierres de la fondation. Elle peut aussi provoquer la pourriture des éléments de structure en bois encastrés dans la fondation.

N’isolez jamais un vide sanitaire sans obtenir l’avis d’un expert qui n’a rien d’autre à vous vendre que ses conseils.

Merci à mon collègue Serje Clément, inspecteur en bâtiment, pour sa contribution à cet article.

André Dumont est inspecteur en bâtiment et chroniqueur. Suivez-le sur Facebook!