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Les ancrages de toit, le meilleur moyen de prévenir les chutes

5 février, 2015

Différents modèles d'ancrages de toit. PHOTO : André Dumont
Différents modèles d’ancrages de toit. PHOTO : André Dumont

La preuve est maintenant établie : il est tout à fait sécuritaire de s’attacher aux fermes de toit. Il suffit d’utiliser le bon équipement, de la bonne façon. Finie, l’époque des mesures improvisées pour réduire les risques de chute lorsqu’on travaille sur une toiture.

Beloeil, mai 2013. Sur un carré de maison érigé pour mener une série d’essais avec des ancrages de toiture, un mannequin normalisé de 100 kg et un poids en béton de masse équivalente sont projetés dans le vide à répétition. Chutes latérales, chutes verticales, chutes répétées, chutes simultanées, sans absorbeurs d’énergie. Peu importe le scénario, les ancrages et les fermes tiennent bon.

Menés par l’APCHQ avec l’aide d’ingénieurs et de l’entrepreneur Benoît Lévesque, ces essais ont démontré que les fermes de toit utilisées au Québec peuvent très bien encaisser les chutes des travailleurs qui s’y attachent. Les essais ont également validé la résistance des ancrages temporaires et permanents que propose l’APCHQ depuis bientôt quatre ans.

« Nous avions les rapports d’ingénieurs américains, mais pour l’utilisation de ces ancrages au Québec, nous devions obtenir le sceau d’ingénieurs d’ici », explique Stéphane Desjardins, conseiller principal en prévention au service de santé et sécurité de l’APCHQ. C’est maintenant chose faite, pour leur usage avec les modèles de fermes de toit utilisés dans environ 80 % des constructions domiciliaires neuves chez nous.

Essais sur le terrain

Pour les essais, on a choisi des fermes utilisées en Montérégie. Les fermes destinées aux régions qui reçoivent plus de neige devraient être encore plus résistantes. Les ancrages ont été fixés à maints endroits, dont les positions de faiblesse identifiées par le manufacturier. Les fermes étaient de 16 et 32 pieds de largeur, avec des pentes de 3/12 et 12/12. Les résultats sont donc valides pour toutes les fermes existantes dont la largeur et la pente s’insèrent entre ces valeurs.

À chaque chute induite au mannequin et au poids en béton, les fermes sont demeurées intactes. La réglementation exige une résistance de 18 kg/Newton au plus. « C’est la même résistance que si on suspendait un camion F 150 sous une ferme de toit », illustre Stéphane Desjardins.

Pour un entrepreneur spécialisé en travaux de charpente comme Benoit Lévesque, ces essais se sont avérés très rassurants. « Avant, personne ne voulait prendre la responsabilité de nous dire à quel endroit et comment nous attacher aux fermes de toit. Maintenant, nous savons qu’une fois les fermes contreventées, on peut installer les barres d’ancrage et les sangles à n’importe quelle position. »

C’est l’ensemble de l’industrie de la construction résidentielle qui a de quoi s’en rassurer. Les charpentiers-menuisiers qui travailleront avec des ancrages temporaires pourront laisser sur place des ancrages permanents, pour que tous ceux qui suivent puissent aussi s’attacher : couvreurs, installateurs de gouttières, de revêtement extérieur ou de produits de chauffage et de ventilation, inspecteurs, etc.

D’ici peu, l’APCHQ effectuera une campagne d’information sur la protection des chutes dans les fermes de toit, entre autres avec des vidéos tournés lors des essais. « Nous savons très bien que le plus difficile, c’est de changer les habitudes des travailleurs d’expérience, qui n’ont jamais eu d’accident, reconnaît Stéphane Desjardins. Nous avons un gros travail à faire ».