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28 mai, 2015
« Quand t’achètes une voiture neuve, tu la veux sans défauts et sans égratignures. C’est la même chose pour ton condo ou ta maison. »
Ces paroles d’une amie qui l’encourageait à la prudence lors de l’achat de son condo neuf ont convaincu Jacqueline-Solange Tremblay d’avoir recours aux services d’un inspecteur. Cinq ans plus tard, elle s’en félicite encore.
Le constructeur de son futur condo à Blainville avait bonne réputation. Jacqueline-Solange Tremblay a quand même voulu l’avis d’un inspecteur, et deux fois plus tôt qu’une. Avant la fermeture des murs, il a vérifié la plomberie et l’électricité. Il a fait corriger l’isolation insuffisante d’un mur. Puis il est revenu une fois la finition terminée.
« Au début, tout est neuf. Il faut que tu exiges que tout soit bien fait, insiste l’heureuse propriétaire. Avec les rapports de l’inspecteur, mes réclamations auprès de l’entrepreneur étaient plus solides. » Tous ceux qui ont acheté dans le voisinage sans faire inspecter sont maintenant pris avec des problèmes, ajoute-t-elle.
Rares sont les acheteurs de condos neufs qui embauchent un professionnel indépendant pour examiner la qualité de construction. La plupart se contentent d’effectuer avec l’entrepreneur ou son représentant le tour du logement et d’en relever les détails à corriger ou à parachever, quelques jours avant d’emménager. Puisqu’ils bénéficient de l’obligatoire Plan de garantie des bâtiments résidentiels neufs, ils s’estiment bien protégés.
Quand l’immeuble est presque terminé et que le syndicat des copropriétaires est formé, celui-ci mandate alors un inspecteur pour faire le tour des parties communes. Les propriétaires des unités peuvent en profiter pour demander par la même occasion une inspection de leur partie privative.
Cette façon de construire et de livrer les condos au Québec met souvent l’acheteur – qui est déjà emménagé! – dans l’inconfortable position de devoir exiger des correctifs au constructeur. Tout aurait été plus simple et moins coûteux à corriger pendant la construction plutôt qu’après!
« Au Québec, il y a beaucoup de problèmes avec les condos neufs, encore plus que dans les maisons neuves. » – Pascal Parent, président de l’Association des inspecteurs en bâtiments du Québec.
Dans les aires privatives, Pascal Parent remarque parfois l’absence du drain de plancher obligatoire, de la condensation dans les fenêtres ou des signes de déficiences structurales, tous des problèmes qui exigeront des correctifs plutôt envahissants pour les occupants.
Dans les aires communes et les parties extérieures, la construction est à peine terminée qu’on observe déjà des infiltrations d’eau, des affaissements de maçonnerie, des balcons mal attachés à la structure ou l’absence de clapets antirefoulement.
Il y a un grave problème en construction résidentielle au Québec, selon Pascal Parent : l’absence de suivi de construction. Alors qu’en Ontario, l’inspecteur municipal se présente à toutes les principales étapes, au Québec, on voit presque jamais sur un chantier un inspecteur dépêché par la municipalité ou par l’administrateur du plan de garantie obligatoire. L’acheteur et le syndicat de copropriété font inspecter une fois les travaux pratiquement terminés. Si des vices se cachent derrière les murs, il faut s’armer de patience pour faire valoir les garanties.
Avant ou après le déménagement?
Pour un condo en construction, on peut faire comme Jacqueline-Solange Tremblay et demander l’inspection en deux temps, avant et après la fermeture des murs. L’inspecteur relèvera tous les manquements au Code de construction. Lors de la deuxième visite, il aussi notera toutes les imperfections à corriger, même celles qui sont strictement esthétiques : porte mal ajustée, égratignure au mur, moulure mal clouée ou joint de céramique incomplet.
Une inspection de sa partie privative quelques mois après avoir emménagé, par l’inspecteur qui viendra scruter les parties communes, est une bonne alternative, selon Pascal Parent. « Souvent, une ou deux saisons sont passées et les problèmes qui devaient apparaître, comme de la condensation, des infiltrations d’eau ou de ponts thermiques, sont maintenant visibles. »
Cet article est une adaptation de ma chronique du 31 mai 2014 sur La Presse+.