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Acheter une maison construite par son propriétaire

26 juillet, 2019

« J’ai bâti cette maison moi-même! », affirme fièrement le vendeur. Attention! C’est une autoconstruction. L’inspection préachat sera très importante.

mur porteur
Sous le comptoir, on découvre des indices qu’une portion de mur a été retirée. Un ingénieur en structure ou un architecte ont-ils été consultés?  PHOTO : Inspecteur D

Belle cuisine, belle salle de bain, tout cela dans une maison construite par son propriétaire, qui n’est pourtant pas entrepreneur. « Pour la plomberie et l’électricité, j’ai fait appel à des professionnels », dira-t-il pour rassurer l’acheteur.

L’inspecteur en bâtiment, pour sa part, ne se laissera pas rassurer aussi facilement. Lorsque son client achète une autoconstruction, il posera beaucoup de questions et redoublera de vigilance en examinant la maison.

Même les entrepreneurs en règle font beaucoup d’erreurs, alors imaginez la qualité d’une maison érigée avec l’aide d’un beau-frère qui n’est lui non plus dans le domaine de la construction résidentielle!

Dans une autoconstruction, les apparences peuvent être trompeuses. Si la cuisine est impeccable, on ne peut pas supposer que ce qui se cache dans les murs l’est aussi.

En région

chalet autoconstruction
Avec son plancher au niveau du sol, on sait tout de suite que ce chalet converti en résidence principale est une autoconstruction. PHOTO : Inspecteur D

L’autoconstruction est un phénomène qui s’accentue à mesure qu’on s’éloigne de Montréal. Plus on est loin des grandes villes, plus il y en a.

En région, les propriétaires sont plus nombreux à réaliser leur rêve de construire eux-mêmes leur maison. Certains y mettront des matériaux et des accessoires de qualité, car ils entendent y habiter. Mais n’oublions pas que dans la plupart des cas, l’autoconstruction sert surtout à économiser en main-d’oeuvre spécialisée.

Peu expérimentés, les autoconstructeurs font des erreurs de structure, par exemple vis-à-vis l’escalier ou sur une portion en porte-à-faux. Le tout peut sembler solide, mais après quelques années, on voit apparaître des fissures dans les murs finis, voire même des fléchissements des planchers.

Les inspecteurs constatent aussi des erreurs dans la pose des revêtements extérieurs et des solins de toiture, deux sources potentielles d’infiltrations d’eau et d’air.

Agrandissements

L’autoconstruction se manifeste aussi par des agrandissements ou des rénovations majeures. Ici aussi, l’inspecteur aura quelques questions à poser au vendeur :

  • Avez-vous consulté un ingénieur avant de déplacer ce mur porteur?
  • Y a-t-il une fondation sous ce cabanon devenu habitable à l’année?
  • Un professionnel a-t-il vérifié si vous avez bien suivi les plans d’architecte?

Que l’on soit entrepreneur ou autoconstructeur, on a les mêmes obligations de construire selon les codes du bâtiment et les règles de l’art. Si l’acheteur découvre un vice de construction qui n’était pas visible lors de l’inspection préachat, il pourra en tenir le vendeur responsable.

Celui qui achète une autoconstruction doit le faire en toute connaissance de cause. D’autres malfaçons pourraient être découvertes, par exemple, en remplaçant la toiture ou en changeant une fenêtre. À moins d’avoir vendu sans garantie légale de qualité, le vendeur demeure responsable de ces vices cachés. Bonne chance pour obtenir qu’il corrige ces vices, ou qu’il vous compense financièrement!

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