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Débusquer les traces d’infiltrations d’eau

11 avril, 2015 | André Dumont

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PHOTO : Inspecteur D

Comment découvrir des traces d’infiltrations d’eau, même quand le mur a été réparé et repeint? À l’aide d’une lampe de poche! En donnant un angle au faisceau, tout ressort : joints de plâtre mal tirés, réparations et traces d’infiltrations d’eau.
Dans un duplex jumelé de Rosemont converti en cottage, nous découvrons des stries dans la peinture au sommet de l’escalier, près de l’unité de climatisation murale. Par leur forme, on comprend rapidement qu’elles ont été formées par des cloques d’eau. Au toucher, elles sont sèches. Le détecteur d’humidité ne réagit pas.
Il y a deux sources d’eau possibles : le climatiseur ou le toit.
L’eau de condensation du climatiseur pourrait être en cause, mais cette hypothèse est rapidement écartée. Les traces d’eau sont plus élevées que l’appareil. Le condensat s’évacue normalement par un boyau, par gravité. Ce boyau est repéré sous l’évier de la salle de bain, du côté opposé aux stries sur le mur.

PHOTO : InspecteurD
PHOTO : InspecteurD

Le propriétaire vendeur déclare que les cloques se sont formées lors de trois ou quatre épisodes de pluie en 2013. Il est lui-même monté sur le toit et a découvert une flaque d’eau sur le solin de bord de toit du voisin. Il a abondamment calfeutré le solin, ce qui aurait réglé le problème. Par la suite, le voisin aurait corrigé la pente dans la tôle du solin, afin que l’eau s’écoule vers son toit, sans créer d’accumulation et risquer de s’infiltrer entre les deux maisons.
Si les épisodes d’infiltration ont effectivement été peu nombreux, il se pourrait que les composantes internes du mur et du toit aient pu s’assécher sans se détériorer. Toutefois, il y a lieu de s’interroger sur la qualité de la réparation.
« Si ce n’est pas un professionnel qui a effectué les travaux, il se pourrait qu’il y ait à nouveau une infiltration, souligne Janick Marinier, technologue du bâtiment. L’ampleur des dommages a-t-elle été évaluée? »
L’infiltration d’eau ayant été déclarée par le vendeur, les dommages existants ou futurs pourraient difficilement être considérés comme un vice caché.
Inquiet, l’acheteur pourrait demander une expertise, afin que soient déterminées avec certitude la source de l’infiltration d’eau, la qualité de la réparation et l’étendue des dommages. Mais qui paiera pour cette enquête? « À mon avis, quand il y a des signes de problèmes, c’est au vendeur de nous assurer que son bien est en bon état, dit Janick Marinier », qui réalise régulièrement des expertises.
Un expert tentera de cerner l’infiltration d’eau par divers moyens : inspection visuelle, détection des différences de température sur les matériaux mouillés à l’aide d’une caméra thermique et mesures invasives ou non avec un humidimètre. En dernier recours, il ouvrira les murs.
Cet article est une adaptation de ma chronique publiée sur La Presse+, le 26 avril 2014.