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23 mars, 2015
Vous avez repéré des taches blanches sur la brique de l’édifice qui abrite votre futur condo ou sur celle du triplex que vous convoitez? Il s’agit ni de moisissure, ni de pollution atmosphérique. Ce sont des sels minéraux qui migrent dans la brique avec l’humidité. Pour en parler, enrichissez votre vocabulaire du mot « efflorescence ».
« L’efflorescence n’est pas un problème en soit, mais elle est toujours un indice qu’il se passe quelque chose », explique Patrick Sauvé, inspecteur en bâtiment agréé.
La brique et le mortier sont des matériaux poreux, qui absorbent l’humidité en provenance de l’extérieur et de l’intérieur. Quand « l’éponge » que sont ces matériaux s’assèche, l’humidité migre vers les faces, entraînant avec elle les sels qu’ils contiennent. Une bonne pluie et la plupart de ces dépôts salins disparaîtront.
Sur les bâtiments neufs, il est tout à fait normal d’observer de l’efflorescence. Sa distribution sera aléatoire, ou concentrée aux endroits les plus touchés par l’eau de pluie. La brique neuve contient encore beaucoup de sels. « Ma recommandation serait simplement de s’assurer qu’il y ait de moins en moins d’efflorescence chaque année », affirme Patrick Sauvé.
Ce phénomène peut aussi se manifester à la suite de réparations sur un mur de brique existant. Ici encore, ce seront les briques neuves qui suinteront ou qui communiqueront leurs sels aux briques voisines plus anciennes, qui sont devenues plus poreuses avec le temps.
Hypothèses
Sur notre quadruplex du Vieux-Rosemont, la distribution et l’intensité de l’efflorescence nous mettent sur la piste d’un important problème d’humidité. Que la brique et le mortier soient d’installation récente ou pas, c’est inquiétant.
Lors d’une inspection préachat, l’inspecteur devra interroger le propriétaire ou les occupants. À quel moment le parement de maçonnerie a-t-il était refait? Depuis quand l’efflorescence se manifeste-t-elle? Y a-t-il eu des travaux au toit?
D’après Patrick Sauvé, il y a vraisemblablement une fuite d’air chaud de l’intérieur vers l’extérieur. L’humidité contenue dans l’air chaud se condenserait au contact du parement de brique. Si l’inspection des composantes visibles du bâtiment ne permet pas de découvrir avec certitude de la source d’humidité, il recommandera une expertise. « Il y a vraiment beaucoup d’efflorescence. Il faut trouver la source avant que la transaction ne soit conclue. »
Expert en parements extérieurs et ancien directeur général de l’Association des entrepreneurs en maçonnerie du Québec, Denis Brisebois y va à son tour de ses hypothèses : toit mal ventilé, contre-solins ou tôle du parapet mal installés, pellicules pare-vapeur déficientes à l’intérieur ou mauvaise préparation du mur avant la pose de la nouvelle maçonnerie.
« L’efflorescence nous parle », dit Denis Brisebois. L’air chaud de l’intérieur dépose son humidité sur la brique et lorsque le soleil la chauffe, l’humidité migre vers l’extérieur avec les sels qu’elle contient. Il pourrait aussi y avoir infiltration d’eau à partir du toit. Si l’efflorescence revient ainsi chaque année, le bois derrière la façade pourrait être complètement imbibé d’eau, voir pourrit.
C’est rarement la brique et le mortier qui sont en cause, dit Denis Brisebois. « Le mur de maçonnerie fait son travail : il absorbe l’humidité de la maison et l’évacue. »
À défaut d’obtenir des réponses par observation et déduction, Denis Brisebois sort ses outils : « Si le client veut que le problème soit trouvé, on ouvre la brique et on va voir ce qui se passe dans le mur. »