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Les vieilles fondations dans Outremont

18 mars, 2018 | André Dumont, alias Inspecteur D

Dans Outremont, de nombreuses propriétés reposent sur des fondations qui ont plus de 100 ans. Sont-elles stables et étanches? Quelques éléments de réponse.

Les joints de mortier entre les moellons doivent être bien entretenus. PHOTO : Inspecteur D

Fondations de pierre

Jusque vers 1910, les bâtiments résidentiels à Montréal étaient presque tous érigés sur des fondations en pierres, qu’on appelle aussi moellons. À moins de reposer sur un mauvais sol, ces assises sont généralement très stables.

Les moellons étaient empilés les uns sur l’autre, puis on comblait les interstices avec du mortier. La plupart du temps, l’effritement du mortier ne porte pas atteinte à l’intégrité structurale du bâtiment, puisque le transfert de charge se produit directement d’une pierre à l’autre.

Avec le temps, le mortier devient très friable. Partout où ils sont accessibles, les joints devraient être refaits à neuf, pour empêcher les plus petites pierres de tomber et pour que le mur ait un minimum d’étanchéité.

Même dans un excellent état, les fondations en pierre peuvent laisser passer beaucoup d’humidité. Il est très important d’avoir des pentes de terrain qui éloignent l’eau du bâtiment. Méfiez-vous aussi des systèmes d’irrigation trop généreux et des gouttières qui se déversent trop près de la fondation.

Avant de finir un sous-sol, assurez-vous de ne pas avoir de problèmes d’humidité. PHOTO : Inspecteur D

Fondations de béton

À Montréal, l’usage du béton en construction résidentielle s’est généralisé à partir des années 1920. Dans Outremont, on retrouve cependant de l’excellent béton à partir de 1910. Les cas de mauvais béton sont rares, mais il n’est pas exclu que des portions de murs de fondation devenues friables soient à remplacer, ce qui est très coûteux.

Le béton est un matériau poreux, qui peut absorber beaucoup d’eau et contribuer à rendre un sous-sol humide. Il peut aussi être fissuré par endroits et permettre à l’eau de s’infiltrer.

Habiter le sous-sol

Avant d’entreprendre des travaux pour finir un sous-sol, il faut s’assurer qu’il ne soit pas trop humide. À l’exception des jours de pluie, le taux d’humidité dans l’air devrait demeurer sous les 55 %. Les odeurs de moisissure sont souvent révélatrices d’une humidité trop abondante.

Dans la plupart des cas, l’usage d’un déshumidificateur s’avère suffisant. Cependant, lorsqu’il y a un grave problème d’humidité au sous-sol, le seul véritable moyen de le régler est d’imperméabiliser les fondations de l’extérieur. Ceci requiert une excavation, puis la pose d’une membrane imperméable. Et tant qu’à y être, on installe un drain de fondation, communément appelé drain français.

Sur un mur de pierre, je recommande d’isoler de l’intérieur en faisant gicler de la mousse de polyuréthane seulement sur la partie au-dessus du niveau du sol. Ceci permettra de stopper les infiltrations d’air et de réaliser d’importantes économies de chauffage, tout en empêchant la fondation de geler et lui permettant de s’assécher par l’intérieur. Il est préférable d’ériger le mur de finition à 15 cm de la fondation, en plaçant des grilles de ventilation vers le bas du mur.

Si les fondations sont en béton et qu’elles n’affichent pas de signes d’humidité excessive au printemps, on peut aussi les recouvrir de mousse de polyuréthane. Je recommande de laisser les derniers 30 cm du bas libres d’isolant, pour que le béton puisse « respirer » s’il devenait gorgé d’eau.

Pour être aussi confortable au sous-sol que sur les étages, vous devrez bien gérer l’humidité. N’oubliez pas, un sous-sol, ça demeure un sous-sol!

André Dumont est inspecteur en bâtiment et chroniqueur dans La Presse+