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Les ponts thermiques, une porte d’entrée pour le froid!

18 février, 2018 | André Dumont, alias Inspecteur D

Pour réduire la facture de chauffage, on doit prévenir les infiltrations d’air et remplir d’isolant les cavités des murs. On peut faire encore mieux : prévenir ou atténuer le phénomène des ponts thermiques.

Allons-y d’un exemple. Dans un édifice à condominiums, tous les étages reposent sur un plancher de béton qui se poursuit à l’extérieur pour chacun des balcons. Ceux-ci seront très solides, mais l’hiver, leur surface de béton captera le froid et le transmettra aux planchers des logements. Cette erreur de conception crée un pont thermique qui fait monter la facture de chauffage.

En raison de la conductivité thermique du béton, le plancher de ces balcons laisser échapper vers l’extérieur la chaleur des logements.

Pour prévenir cette déperdition de chaleur, il aurait fallu « briser » ces ponts thermiques, en rendant les planchers des balcons indépendants de ceux des logements.

Matériaux conducteurs

L’aluminium arrive au sommet du palmarès de la conductivité thermique. Touchez le châssis d’une fenêtre d’aluminium l’hiver et vous comprendrez rapidement qu’il n’améliore pas le bilan énergétique d’une maison. Le vitrage des fenêtres est lui aussi très peu isolant.

pont thermique
Cette poutre d’acier au sous-sol se poursuit dans un garage non chauffé. Pour minimiser l’effet de pont thermique, on l’a recouvert de laine isolante. PHOTO : Inspecteur D

Les poutres d’acier qui soutiennent les planchers dans certaines maisons forment un pont thermique si elles se prolongent jusque dans l’enveloppe extérieure du bâtiment, ou jusque dans un garage non chauffé. À défaut de couvrir d’isolant les 150 premiers centimètres exposés à la chaleur de l’intérieur, l’humidité se condensera sur l’acier froid. À long terme, il peut rouiller.

Les balcons soutenus par des poutres d’acier qui se prolongent sous les planchers intérieurs sont un autre bel exemple de pont thermique. Si leur portion intérieure n’est pas couverte d’un matériau isolant, du givre peut s’y former et des gouttes de condensation s’y déposer. À la longue, l’eau endommagera les matériaux.

Dans cette maison jumelée, le mur latéral est plus froid que le mur qui donne sur l’extérieur, même si le voisin chauffe de son côté. La séparation en blocs de béton agit comme pont thermique. PHOTO : Inspecteur D

Maisons en rangée

Autre cas classique : dans une maison en rangée, on retrouve des murs mitoyens plus froids que les murs qui donnent sur l’extérieur! Les murs extérieurs ont été bien isolés, mais il se trouve que la maison voisine est un peu plus profonde, de sorte que le mur mitoyen en blocs de béton se prolonge à l’avant ou à l’arrière. Le béton étant plutôt mauvais isolant, il fait pénétrer le froid.

Bois

Le bois des charpentes peut être considéré comme un pont thermique. Entre deux montants de bois « 2 par 4 », la cavité est remplie de laine isolante de valeur R12. Les montants eux-mêmes n’ont une valeur isolante que d’environ R4. Le mur est donc plus froid vis-à-vis chaque pièce de bois. L’humidité peut se condenser en ces endroits, la poussière s’y coller et créer un beau milieu pour la croissance des moisissures.

Ces cas de détérioration du bois et du gypse s’observent surtout quand la laine isolante a été mal placée et qu’un jeu d’air existe le long des montants.

Les normes d’aujourd’hui exigent l’utilisation de matériaux isolants d’un côté ou l’autre des montants des murs extérieurs, justement pour briser les ponts thermiques. À cette fin, on utilise souvent des panneaux de polystyrène expansé, bleus ou roses.

André Dumont est inspecteur en bâtiment et chroniqueur